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Death Valley. La Vallée de la Mort. Un nom peu engageant, certes… mais c’est pourtant l’endroit que j’ai choisi pour aller courir pendant ces deux jours.

Death Valley n’est pas le nom historique de cette vallée. C’est Tumpisa. Qui signifie « Rocher Peint » en langage indien Timbisha. Le nom Vallée de la Mort est survenu plus tard, lors de la Ruée vers l’Or au milieu du XIXème siècle, bien qu’il n’y ait eu à déplorer qu’une seule et unique victime lors de la traversée du désert…

Bref, je roule sur le ruban d’asphalte déroulé comme un tapis, tout droit à travers dans le paysage désertique.

La Route. Ce n’est qu’une route, et pourtant… C’est l’essence même des grands espaces américains. Certaines sont légendaires, comme la Route 66. Ce ne sont que des couches de goudron et pourtant, elles sont pleines de promesses et de rêves…

Pour nous rappeler que nous sommes bien dans un désert à part entière, voici les dunes. On pourrait se trouver en plein Sahara sauf qu’un vrombissement empli l’espace et des traces de roues quadrillent le sable.

On est bien aux États-Unis et le sport mécanique est ici roi…

Des caravanes, camping-car géants et camions-remorques sont garés en cercles, ont déchargé motos, quads, jeeps, dragsters qui font rugir leur moteur.

Tandis que ça ronronne entre les dunes, je gravis la plus haute histoire d’avoir une belle vue, et du sable plein les chaussures.

Les dunes se succèdent jusqu’aux premiers contreforts de montagnes. Ce sont elles qui créent les dunes, en fait. Le vent chasse le sable qui est transporté au ras du sol ; le sable s’accumule quand le vent devient moins efficace, comme quand une montagne se met en travers…

C’est par ici qu’ont été tournées certaines scènes de Star Wars. J’y reviendrai plus loin, on reconnaîtra d’autres endroits…

Lucasfilm

Je laisse les deux droïdes à leur sort sur Tatooine et redescends de ma dune, poursuivi par un droïde de l’Empire…

Heureusement je retrouve mon Landspeeder X-34 (Toyota) et file sur la route de Mos Eisley (Furnace Creek).

La température monte. Alors je monte aussi, pour lui échapper : la montagne la plus haute des environs me fait de l’oeil. Je grimpe sur ses flancs. C’est le Pic du Télescope.

Il culmine à 3390m d’altitude.

Comme on monte, la température fait l’inverse, et on trouve ainsi une relative fraîcheur : il y a 20 degrés de différence entre le fond de la vallée, à -85m, et le sommet. D’ailleurs on croise des pins, et même des Junipers, d’ordinaire rencontrés dans la Sierra Nevada.

Il s’appelle Pic du Télescope parce que la première personne (connue) à l’avoir gravi, en 1861, WT Henderson, l’a appelé ainsi en raison de la vue à son sommet : il voyait tellement loin qu’il avait l’impression de regarder à travers un télescope…

J’ouvre la boîte en fer qui trône au sommet (comme sur tous les sommets américains d’ailleurs), en sort le cahier et ajoute mon nom à la liste des randonneurs qui sont allés au sommet.

Un rapide tour d’horizon me permet d’embrasser le point le plus haut du continent américain (hors Alaska) – le mont Whitney(4420m) qu’on distingue ci-dessus, gravi l’année dernière – et son point le plus bas – Badwater (-85m)

Justement, il est temps que j’y descende check credit score online free : je me jette dans la pente, et dans la fournaise.

Dans la forêt, vers 600m d’altitude, je croise une série d’étranges constructions coniques. Ce sont des fours à charbon : on y faisait brûler entre autres des pommes de pin afin de produire du charbon, qui était ensuite utilisé dans des fonderies à 50km de là, près des mines d’argent. Ces constructions ont été bâties en 1877 et ont en réalité très peu fonctionné, ce qui explique leur parfait état de conservation.

Je retrouve le sol du désert, et même le sous-sol puisque je suis descendu 85m sous le niveau de la mer. Autant quand on monte il fait plus frais, autant quand on descend l’inverse se produit aussi : il doit faire dans les 35°C, et encore on est en novembre. Nous sommes à Badwater.

La « Badwater« , pour les coureurs, c’est une course particulière : c’est 217km entre Badwater et Whitney Portal(2500m) par des températures avoisinant les 35°C… Le sol est blanc comme neige, le soleil se réverbère. J’ai une casquette, mais il m’en faudrait une deuxième, car la luminosité vient aussi de dessous. Car le sol est couvert de sel.

Ça ressemble aux Salars d’Atacama (Uyuni par exemple). D’ailleurs, ce n’est ici ni plus ni moins qu’un Salar. C’est-à-dire un désert de sel. Il y a plus de 5000 ans il y avait un lac ici. Le Lac Manly. Il s’est asséché, et les sels dissous des montagnes se sont déposés année après année (carbonates, sulfates, nitrates, chlorures de sodium, etc). Il y a plus d’un mètre de sel par endroits !

En levant la tête vers les falaises environnantes, on s’aperçoit qu’on est sous l’eau…

La température devient insoutenable. J’imagine qu’en plein été ce doit être tout simplement impossible. La température la plus haute jamais mesurée par l’homme sur Terre est de 58°C, c’était en 1913, à Furnace Creek à quelques kilomètres d’ici (ce record aurait été dépassé en Libye avec 59°C). D’ailleurs j’y vais. Pas en Libye, mais à Furnace Creek.

Le bitume chauffé à blanc me fait fondre les chaussures je suis obligé de quitter la route et de courir dans le sable !

L’occasion de s’enfoncer dans les canyons environnants et de remonter quelques ruisseaux à sec, histoire de voir où ils mènent…

Celui que j’emprunte m’emmène tout droit dans un atelier de peintre…

Quand au dernier jour Dieu a fini de peindre le ciel et la Terre, les oiseaux et les arbres, il a posé quelque part ses pinceaux et sa palette de couleurs. J’ai retrouvé la palette du peintre divin, elle est ici.

La peinture a un peu séché, depuis le temps, mais on devine bien les pigments.

Les couleurs sont obtenues par oxydation de différents minerais. Le vert, par exemple, provient du mica.

Le pourpre, du manganèse.

Je retrouve mon canyon pour quitter les lieux… Il ne vous rappelle rien ?

Il a pourtant des millions de fans à travers le monde… et oui c’est bien dans ce canyon que R2D2 se fait kidnapper par des Jawas… La scène date de 1977 !

Je retrouve ma route, et un compagnon pas plus causant que R2D2 : un pauvre coyote mal en point, affamé ou assoiffé je ne saurais dire. La règle de l’hospitalité dans le désert voudrait que je partage mon eau avec lui mais je n’ai que 2 litres et je ne suis pas sûr qu’il me rendrait la pareille, lui…

De toutes façons il s’éloigne en trottinant vers le désert, moi j’emprunte l’entrée d’un autre canyon, le Golden Canyon. Connu aussi pour certaines prises de vues de Star Wars, avec les Jawas notamment. Je m’y enfonce, tandis que le soleil descend vers l’horizon, sans me douter que ça allait être le point d’orgue de ma balade dans Death Valley.

Immédiatement les couleurs de la roche me sautent à la figure. Soutenu par le soleil couchant, le contraste des couches de sédiments est saisissant.

C’est peut-être à cause de cet endroit que les indiens Timbishas appelaient ce désert Tumpisa, Rocher Peint.

Je suis un petit sentier qui s’éloigne dans les collines crayeuses, sans trop savoir où il va me mener. Peut-être un sanctuaire Timbisha ?

Le sentier tourne en tous sens, comme s’il voulait décourager le promeneur. Il s’enfonce dans de mini vallées, suis des crêtes arrondies, contourne des bosses, et moi je joue avec lui, prenant un plaisir non dissimulé à courir sur cette ligne courbe, dans ce paysages de mamelons arrosés d’or et de soleil.

J’arrive arrive ainsi en territoire Timbisha.

Devant moi, le contraste des sols devient franchement excentrique, extravagant. Après l’atelier de peinture des dieux nous voici en cuisine, rayon dessert…

Le soleil bascule derrière le Pic du Télescope, il ne va pas tarder à faire nuit. Il faut que je fasse demi-tour, dévalant le sentier dans l’autre sens, ce qui n’est pas pour me déplaire, frontale allumée…

Retour Los Angeles dans la foulée. Petite nuit pour récupérer de tous ces kilomètres, puis… le voyage continue, plus encore vers l’ouest, au-delà du Pacifique… La suite bientôt…

en attendant, le portfolio et une petite vidéo retraçant ma balade dans la Vallée de la Mort…

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • Tat

    11 novembre 2012

    Ton petit Maxence doit t’envier d’avoir foulé le sol de Star Wars!!

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    • Jphi

      13 novembre 2012

      Je lui ai dit que j’étais un Jedi il m’a dit non, plutôt homme des sables…

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  • Franca

    11 novembre 2012

    Superbe !

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  • 11 novembre 2012

    Voilà une version de la Death Valley très originale. Çà fait plaisir de voir l’envers du décor qu’on nous sert habituellement. On attends la suite…

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    • Jphi

      13 novembre 2012

      La suite d’ici la semaine prochaine… trop de photos à trier, et pas assez de temps !

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  • Sabrina

    11 novembre 2012

    A quand la suite? Bravo pour toutes ces découvertes mythiques!

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    • Jphi

      13 novembre 2012

      Bientôt, bientôt… la suite va faire mal ça va te donner envie je te préviens !

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  • Christine

    12 novembre 2012

    Comme toujours,superbe récit accompagné de photos magnifiques, tu nous fais voyager et rêver JPhi. C’est formidable. Merci

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    • Jphi

      13 novembre 2012

      Merci Christine, tant mieux, c’est le but de partager ! À bientôt dans les Cévennes !

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  • 14 novembre 2012

    C’est magique, comme toujours ! On en apprend sans cesse avec toi ! Vite la suite !!!

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    • Jphi

      15 novembre 2012

      Merci !! La suite d’ici quelques jours…

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  • 16 novembre 2012

    Superbe comme toujours, et puis R2D2 ton compagnon de jeu dans le désert, semble bien plus sympa que certains plantigrades croisés dans la Sierra précédemment. On attend la suite, l’eau à la bouche.

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    • Jphi

      17 novembre 2012

      Merci Paco ! J’ai pensé à toi quand j’ai croisé le coyote… Je me suis dit que toi tu l’aurais ramené À bientôt l’ami, dans les Cévennes ou les Pyrénées…

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  • 17 novembre 2012

    Comme d’habitude d’enfer merci !!! et toutes ces strates qui doivent regorger de fossiles le paradis des macfly là bas

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  • 17 novembre 2012

    super comme d’habitude merci, un vrai paradis pour les macfly chercheur de fossiles avec toutes ses strates affleurantes

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    • Jphi

      17 novembre 2012

      Tu crois pas si bien dire. Il y a un canyon, j’irai la prochaine fois je n’ai pas eu le temps, où il y a un fossile sur une paroi, plus gros que ma main. Il doit y en avoir partout… J’irai la prochaine fois, rien que pour toi !!

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      • 17 novembre 2012

        oui seulement pour le prendre en photo seulement car mais ne le ramène pas tu peux avoir des pbs avec les autorités pour preuve le gars qui a fait 2 ans de prisons pour une amonite en Turquie…..à l’étranger moi je m’abstient ( dans un effort inconsidéré….)sauf au maroc ou la il n’y a pas de pbs pour l’instant….

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