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Séoul, Corée du Sud. Les montagnes de Dobongsan et de Bukhansan dominent la ville. J’y suis déjà allé plusieurs fois, mais cela fait longtemps que je me dis qu’il faut que je tente la traversée intégrale nord-sud du massif…

Après avoir avalé un petit déjeuner conséquent, alors que le jour n’est pas encore levé, je me dirige vers les faubourgs nord de Séoul, qui malgré être la capitale d’un pays très moderne, reste une ville basse, n’ayant pas cédé à l’appel du ciel à venir le gratter.

J’arrive en métro au parc naturel de Bukhansan. C’est marqué dessus.

J’entame mon ascension en direction des blocs rocheux qui font la spécificité des monts coréens.

Les monts Bukhansan signifient les « montagnes au nord de la rivière Han ». Autrefois elles s’appelaient Samgaksan, les « montagnes à trois cornes ».

Alors évidemment je suis là pour courir, entraînement oblige, mais parfois ce n’est pas très évident…

Et oui les monts Bukhansan se gravissent, le mont Dobongsan (740m) en premier. Les via ferrata sont là pour nous aider, l’ascension en est rendue facile. Rien à voir avec la dernière fois, lorsque j’avais traversé la première partie du parc (dont le Dogongsan) sous une tempête de neige

Avec ces rampes de fer, c’est une partie de plaisir.

Comme la neige n’est plus là pour me ralentir, je bondis de rocher en rocher, je me hâte car je voudrais traverser le parc en entier.

L’hiver dernier je n’avais pu traverser que la moitié, en progressant dans la neige du matin jusqu’au soir. Cette fois-ci, je compte bien faire la totalité, soit environ 40km et 2000m de dénivelé positif. Mais il ne faut pas traîner car souvent on progresse lentement : on ne peut pas souvent courir dans le parc de Bukhansan. D’ailleurs, on se fait plus d’ampoules aux mains qu’aux pieds…

Au sommet d’un roc, je retrouve un vieil ami. Il a l’air plus enjoué que la dernière fois !

Je progresse assez vite, et j’arrive bientôt au pied de la Grande Muraille. Pas celle de Chine, mais celle moins connue de Corée.

Elle date du 15e siècle, courant sur les montagnes du nord et celles du sud, pour protéger Séoul des envahisseurs, joignant les forteresses campées sur les hauteurs. Malheureusement ces forteresses n’ont jamais joué leur rôle, ni au 16e siècle lors de l’invasion japonaise, ni lors des rébellions, ni contre les Mandchous au 17e siècle, en raison de l’absence de forces armées suffisamment entraînées pour les défendre…

Entre temps je suis redescendu des montagnes, quittant la partie « Dobongsan », pour remonter sur l’autre versant, le « Bukhansan« . Les formes caractéristiques des rochers de Bukhansan me rappellent des souvenirs, puisque je suis déjà venu par ici voici quelques années…

Et me voilà reparti pour des via ferrata dont certaines sont assez pentues. Personnes sensibles au vertige s’abstenir.

Puis, tandis que je progresse, je me dis qu’il me faut faire attention car la frontière avec la Corée du Nord n’est pas loin, et ce serait bête de se perdre pour se retrouver dans une geôle communiste. Gasp ! Trop tard ! Je suis pris !

Non, je plaisante, la frontière est plus loin, à une quarantaine de kilomètres au nord. Ces mannequins, répliques de soldats de Corée du Nord, sont là pour rappeler un épisode malheureux, l’attaque de la Maison Bleue : certains se rappellent peut-être de ce 21 janvier 1968 où un commando d’élite de 31 combattants nord-coréens a traversé la frontière puis les montagnes de Bukhansan pour attaquer la résidence présidentielle et tenter d’assassiner le président sud-coréen. L’opération a échoué aux portes de la Maison Bleue mais les commandos se sont repliés dans les montagnes et il a fallu une semaine aux forces militaires pour les tuer. Les sud-coréens ont déploré 26 morts et 66 blessés, ainsi que 4 soldats américains. Les commandos étaient entraînés à courir à des moyennes de 13km/h avec 30kg sur le dos, dans les montagnes gelées de Corée du Nord, rompus à toutes les techniques de combat et d’infiltration. Une réplique grandeur nature de la Maison Bleue avait été construite pour s’y exercer.

Un seul combattant a été capturé vivant. Tous les autres ont été tués, sauf un, qui a probablement pu rejoindre la Corée du Nord… Le raid aurait pu réussir, car les commandos étaient hyper entraînés, mais ils ont été surpris par quatre frères qui coupaient du bois dans la montagne deux jours avant l’opération. Dans un geste magnanime les soldats leur ont laissé la vie sauve en les faisant promettre de ne pas aller voir la police, ce qu’ils ont fait bien évidemment, donnant ainsi l’alerte. Les commandos étaient donc attendus de pied ferme, ce qui ne les a pas empêchés d’arriver jusqu’à l’enceinte présidentielle. On peut se demander quelle aurait été l’issue avec l’effet de surprise…

Depuis, les sentiers dans la montagne ont été fermés, et n’ont été rouverts… qu’en 2009 !

Marchant sur les traces des commandos, j’arrive en vue de la ville de Séoul.

N’étant armé que de mon appareil photo, je choisis la voie pacifique et descends tranquillement dans la ville.

Never Hesitate - Never Regret

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