Séoul. Corée du Sud. Une tempête de neige s’abat sur la ville. J’avais planifié depuis longtemps cette sortie, dont le but était la traversée totale des deux parcs nationaux, Bukhansan et Dobongsan.
Mieux vaut la neige que la pluie, il en faut plus pour me décourager.
J’arrive donc aux portes du parc équipé de mes Yaktrax, d’un bonnet et d’une paire de gants de soie…
Dès l’accès franchi, on attaque les choses sérieuses : ça monte fort ! Pas le temps de s’échauffer !
Et on arrive vite à une sorte de temple, dont je n’ai pas saisi le nom (le Coréen n’est pas mon fort), mais dont l’ambiance était très impressionnante, car un moine faisait sonner à intervalle régulier une énorme cloche de bronze.
Mais le sentier continue en amont, surplombant les toits colorés du monastère.
Je quitte la solennité du lieu pour une autre, plus sauvage et hostile : le tintement des cloches est remplacé par le hululement du vent et le croassement des corbeaux. Ambiance. Le sentier monte droit dans la pente, à travers un éboulis.
Je ne rencontre personne. La neige est totalement vierge.
C’est sûr que c’est un vrai plaisir que de fouler le premier cette neige fraiche. Mais c’est aussi un désagrément : parfois le sentier est très difficile à trouver, il n’y a aucun indice de la trace à part une trouée entre les troncs. Beaucoup d’hésitations et d’erreurs de parcours à déplorer!
Et dans le coin, mieux vaut regarder où on met les pieds… Le précipice n’est jamais loin…
Heureusement, à intervalles réguliers surgissent des signes qui confirment le bon chemin : des panneaux, des barrières, des cordes, ou tout simplement un bon sentier bien large.
Sur la crête, le vent est glacial et tourbillonnant. Il soulève des nuages de flocons et dresse des congères. Le paysage est parfois noyé dans le brouillard si bien qu’on a l’impression d’être suspendu dans le néant…
Tandis que d’autres fois des géants de pierre surgissent dans une bourrasque de neige là où un instant plus tôt on aurait juré qu’il n’y avait rien…
Plus loin, je reconnais un passage technique qui m’avait posé quelques difficultés l’été dernier.
En effet le sentier grimpe à flanc de falaise après le premier virage, aussi je renonce à le tenter avec cette neige glissante. Je fais le tour du roc, sous le regard moqueur de deux corbeaux qui ne se gênent pas pour m’afficher.
Le sentier remonte sur la crête, avec l’aide de barrières de fer gelées, et de cordes dures comme du bois. Équipé d’une simple paire de gants en soie, je ne sens plus mes doigts. Pas très montagnard, tout ça. Mais courir avec des gants de ski me semblait pour le moins ridicule…
A l’horizon, le mont Obong, reconnaissable, même par ce temps, à ses cinq sentinelles. Puis je redescends sur une pente glacée.
Plus loin, le sentier s’enfonce dans une passe. La faille est mince ; mon sac s’accroche aux parois, mes bidons raclent, mon bonnet s’accroche, je me cogne, je m’érafle, je suis obligé de ramper dans la neige pour passer. De l’autre côté, la neige est toujours là.
Et ça repart : montées, descentes. Je devrais dire : patinage, glissades. Deux bonnes chutes à déplorer…
…dont une avec une pie en guise de témoin. Je crois qu’elle en rigole encore, perchée sur son petit arbre.
Et c’est la redescente sur la ville…
Alors évidemment je n’aurai pas pu réaliser la traversée totale des deux parcs nationaux à cause des conditions météorologiques. Entre le temps perdu à chercher le bon chemin caché sous une épaisse couche de neige, et à déchiffrer les « nouilles » coréennes des panneaux d’information (c’est-à-dire en comparant un à un les caractères inscrits sur ma carte elle aussi en coréen), il m’aura manqué facilement trois heures pour boucler la traversée. J’aurai quand même pataugé dans la neige pendant 7 heures ! L’approche de la nuit m’aura dissuadé de poursuivre plus avant, m’engageant sur un terrain inconnu et apparemment, vu la carte, très montagneux.
Il faut bien en laisser pour la prochaine fois !
L’album photo complet est sur runtheplanet.fr
lafan
tu m'étonnes que tu n'as croisé personne ! il n'y a que toi pour t'aventurer dans des lieux aussi lugubres !! tous les ingrédients sont réunis pour un bon film d'horreur !! c'est glaçant ! vraiment !
Jphi
Bon d'accord lafan. La prochaine fois, rien que pour toi, j'irai courir dans un lagon, sur une plage de sable blanc, à l'ombre d'une palmeraie, le camelbag empli de piña colada….
lafan
je suis sûre que de l'autre côté des montagnes c'est Pyongyang ! et que tu t'es fait repérer !
pour ce qui est de ta prochaine course je t'accompagne !!
PACO
J'aime cette sortie, plus que toute autre.
C'est ma préférée ; la lumière, la neige vierge,( les plaques de glaces …)
Je suis de suite plongé dans une profonde rêverie, quand je la regarde et je pourrais rester des heures devant chaque photo.
Elles me font un trou au ventre, alors que ton récit, malgré l'hiver, réjouit mon âme et réchauffe mon coeur.
Que de belles sorties, fais-tu là, JPhi,
pleines, pleines à ras bord !
J'apprécie ton audace et ta sagesse ;
j'aime cet esprit du trail, que tu mets en pratique et que tu partage.
Merci JPhi.
Jphi
Merci Paco ! Vraiment content que ça t'inspire, c'est un peu le but de ce blog que de partager ces paysages, ces ambiances et ces (més)aventures… Vu que tu aimes la neige (mais pas les plaques de glace) ça tombe bien c'est l'hiver qui arrive…
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