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(…suite de l’article : Une Nuit dans la Cabane de John Muir)

Je me réveille trois heures plus tard sous les mugissements du vent. Dehors la tempête fait rage. C’est la Nuit sur le Mont Chauve. Les éléments de l’air se sont donné rendez-vous cette nuit-là, autour de ma cabane, pour le Sabbat. Si mon abri n’était en pierre, il se serait déjà émietté. Le vent tente par tous les moyens d’entrer : ses doigts glacés farfouillent sous la porte, manipulent la poignée, s’appuient contre la boiserie qui craque ; je les entends parcourir à tâtons l’embrasure de la fenêtre, à la recherche d’une brèche. Le vent est si fort et discontinu que par moments il disparaît puis, quand il est là, soudain et entier, il prend forme. Littéralement : j’observe très clairement des ombres passer et repasser devant la fenêtre. Des silhouettes qui s’agitent, courent, se pressent devant la lucarne et s’enfuient dans le noir. En toute honnêteté je dois dire que je n’en menais pas large. Des ours ? Des hommes ? Des fantômes ?

Mais qui donc sont ces gens qui vont et viennent devant la cabane ? Quel mauvais tour me joue la Sierra ?

…/

Et ce vacarme. Le vent qui s’engouffre dans la cheminée fait autant de bruit qu’un ours qui me supplierait d’entrer.

Dehors les silhouettes vont et viennent devant ma fenêtre, passant en courant dans un sens puis dans l’autre. Puis, quand le vent tombe, les ombres disparaissent. Je profite d’une accalmie pour m’extraire de mon sac de couchage, allumer ma frontale et me diriger vers la porte pour en avoir le coeur net. J’ôte le bout de bois qui la maintenait fermée et risque un oeil à l’extérieur. Une bourrasque m’accueille en forçant l’entrée, je referme la porte en m’arc-boutant. Adossé contre elle, je balaie le sol de la cabane du rayon de ma lampe. Et je comprends subitement : une fine pellicule de neige est entrée avec la rafale de vent et s’est répandue sur les dalles. C’est elle qui prenait des formes inattendues devant ma fenêtre, modelée par la tempête en d’improbables tourbillons.

Première réaction, liée au court terme : soulagement.

Deuxième réaction, née de l’élaboration du moyen terme : inquiétude.

Je suis au fin fond de la Sierra Nevada, à une journée de marche par beau temps de ma voiture. S’il neige, je suis coincé là…

Bon, pas de panique, la météo était annoncée plutôt bonne, avec simplement des passages couverts, la dégradation n’étant annoncée que pour le mercredi. Il n’empêche, s’il neige plus de 50cm, le retour par le même chemin sera impossible, Echo Col sera impraticable.

Je ne suis pas en danger de mort, loin de là (j’ai de la nourriture pour une semaine en me rationnant), du bois pour faire 3 ou 4 feux, et une balise de détresse au cas où.

Mais je dois être rentré le surlendemain matin pour raisons professionnelles, et je préférerais ne pas rater mon rendez-vous…

Bref, je cogite un peu dans mon duvet, fixant la voûte de pierre. Je passe régulièrement de l’état semi-comateux à celui d’éveil de façon brusque, comme si les rugissements du vent, dehors, me jetaient hors de ma couche. Parfois, ouvrant un oeil, alerté par un silence déconcertant, je tends l’oreille. La tempête s’est-elle calmée ? Mais le vent, comme si je l’avais hélé, reviens hanter les alentours de ma cabane, disjoignant quelques pierres pour entrer. Plusieurs fois je me lève pour ouvrir la porte et balayer la nuit noire de ma lampe. A chaque fois je pousse un soupir de soulagement : la neige tombe mais reste très fine, la couche est légère, s’accumule sous le vent en paquets. Je me recouche ; à côté de moi j’entends ma gourde émettre des craquements secs : le fond d’eau qu’elle contient commence à geler.

Puis, subitement, à 4 heures du matin, le vent s’en est allé ailleurs, et le calme revient sur la Sierra.

A 6 heures le ciel s’éclaircit à l’est.

De là où je me tiens, je constate qu’Echo Col est pris dans les restes de la tempête de la nuit.

Mais comme le ciel a l’air clément, je prends la décision de faire une jolie boucle. Je ne pourrai (une fois de plus !) faire celle que j’avais prévue, à savoir Ionian Basin, restant hors de portée pour cette année, mais un petit crochet par l’un des plus beaux endroits de la Sierra s’impose. Je compte suivre le John Muir Trail le long d’Evolution Basin puis de le quitter pour passer en backcountry, hors sentier, et ressortir de la Sierra par un autre col. La perspective de découvrir de nouveaux endroits de ce massif fabuleux m’emplit le coeur de joie. Je rassemble mes affaires et lève le camp. Un dernier coup d’oeil vers Solomons et Ionian Basin qui se refuse définitivement à moi,

et je referme soigneusement la porte de la cabane de John Muir. Merci pour l’abri !

Allez, c’est parti !

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Sans me douter de ce qui m’attend, je descends doucement vers les premiers lacs d’Evolution Basin que l’on devine déjà dans les premières lueurs du jour.

La contrée se réveille doucement, encore abasourdie par le tumulte de la nuit. Les pentes frémissent dans l’air glacial, les sommets s’ébrouent, peinant à se débarrasser de leurs écharpes de brume et de la couche de neige qui les a saisis.

En fait, on ne sait plus si ces nuées sont les restes du mauvais rêve de cette nuit qui se délitent dans le réveil du jour, ou si ce sont les rayons intenses du soleil qui irradient la neige et la subliment, directement de l’état solide à l’état vapeur. Le résultat est le même : les nuages, je le sais maintenant, naissent du ventre de la terre.

Je longe la chaine de Goddard Divide, au sud, dont fait partie le Mt Solomons, et qui sépare les deux bassins : Ionian et Evolution.

Au nord, le premier lac d’une longue série : le lac McDermand.

Plus loin, Wanda Lake. Tandis que j’arrive sur le rivage, je remarque des nuages dévalant les pentes comme des hordes de cavaliers mongols.

Wanda Lake. De Annie Wanda Muir, fille de John. Juste pour la culture, ça peut servir dans un dîner (je veux dire autour d’un feu de camp dans les montagnes de la Sierra).

Derrière moi, les nuées sont sur mes talons, regroupées en amas prêts à fondre sur le plateau encore gelé.

Elles se jettent sur le lac comme des harpies décidées à me dissimuler ses beautés secrètes. Car l’impression est bien là, réelle. J’ai tout à fait le sentiment de me tenir à l’entrée d’un monde interdit, caché, soustrait aux humains.

Trop tard, les harpies, trop tard. J’ai vu. Et comme un pauvre mortel happé par la vision du paradis, j’écarte le rideau de brume comme une vulgaire étoffe et pénètre sans crainte ni doute dans les limbes.

Après tout c’est facile, il suffit de suivre le sentier. Sans savoir que chaque pas m’éloigne du monde des vivants vers celui des dieux primitifs qui ont façonné jadis notre univers.

Si une barque traversait dans ma direction avec un passeur capé à son bord, je ne serais pas plus étonné que cela. J’enfouis mes mains dans mes poches à la recherche, vaine, d’une obole. Juste au cas où.

Ces rives sont si particulières, que la sensation de se tenir dans un autre monde est tenace. En plus de se sentir complètement seul, sans autre présence que celle de ces eaux surnaturelles, sans poissons, sans oiseaux, sans insectes, on se sent bien, comme dans un rêve sans fin…

Je finis par quitter ces rives, frontière d’entre deux mondes, pour m’enfoncer plus avant dans ces terres que j’aimerais inexplorées. Là où les enjolivements des cartes antiques stipulaient Terra Incognita.

Le paysage change, on passe en une dizaine de mètres de la berge ésotérique à l’étendue glaciaire de l’arctique ! La terre m’est livrée comme à son premier jour, brute, toute juste décongelée.

Je continue ma progression dans Evolution Basin, longeant quelques lacs qui n’ont pas encore de noms.

Juste derrière le petit lac, c’est le Mt Huxley.

Thomas Huxley

Huxley. Thomas Huxley. 1825-1895. Farouche défenseur de Charles Darwin et de sa théorie de l’évolution lors des débats publics d’Oxford. Mais on en reparlera…

Thomas Huxley

Si un peu de savoir est dangereux où est l’homme qui en possède suffisamment pour être hors de danger ?

C’est en photographiant ces lacs que je prends conscience que ma progression ne va pas se faire éternellement sous le soleil. La vallée s’incurve et les nuées sont là, de nouveau, jetant un voile pudique sur la vallée impunément offerte aux yeux du pauvre mortel profane que je suis. Y aurait-il vraiment quelque chose à protéger du regard dans cette vallée ?

Les volutes tournoient devant moi comme agitées par des ailes invisibles, soulevées par des bulles d’air instable. Ça bouillonne, là-dedans. Le sentier y mène tout droit. Ça tombe bien.

Je m’enfonce dans la vapeur en me demandant si ce n’est pas celle des enfers.

Le stratus est un couvercle, il se referme au-dessus de moi. Et moi, je me retrouve dans un autre monde, celui du tout début, avant que les hommes soient hommes et alors que la terre n’était foulée que par des esprits. Me voilà sur les bords de Sapphire Lake, d’après mon GPS. Mais qui peut donner crédit à un vulgaire GPS dans ce monde mythologique ? Ne suis-je pas plutôt sur les rives de la Mer Noire, sillonnée jadis par les Argonautes ?

Plus je descends dans ce bouillon cotonneux et sans vie, plus je me rapproche des origines du monde, ou de sa fin, selon où l’on se trouve sur la parabole. Tout à mes pensées, celles-ci ayant clairement pris le large des rivages rationnels, je regarde vaguement où je mets les pieds sur ce sentier en dévers, mains dans les poches, regard dérivant dans les couches de brouillard insondables, épaules raidies par le poids de mon sac à dos, lorsque je me retrouve d’un coup d’un seul à un mètre cinquante du sol, en position horizontale. Pierre traîtresse ? Plaque de verglas ? Je ne saurai jamais. Dans un ralenti digne des plus grands films d’action (ce n’est pas le temps qui se relâche, c’est l’esprit qui se met à pédaler à toute vitesse, tout est question de référentiel), je me vois dériver lentement vers ma droite, planant dans l’air glacial, jusqu’à surplomber le dévers encombré de pierres aux encoignures plus aigües les unes que les autres. Ce qui porta ma hauteur à plus de 2 mètres des premières arêtes. La gravitation reprit ses droits, coupant le fil invisible qui me suspendait dans le brouillard et les choses reprirent une vitesse normale, et moi une courbe en cloche.

Je chutai donc, le dos bien à plat sur les mâchoires de pierre tel un fakir masochiste. Mon sac à dos remplit un office qui n’était pas le sien et amortit le choc, si bien que je me relevai tout étonné de ne souffrir d’aucun mal. A noter toutefois une vive douleur le long d’une côte qui s’effaça assez rapidement (j’en parle car elle se rappellera à mon bon souvenir vers la fin du récit). Cette chute qui aurait pu s’avérer autrement plus grave se termina si bien qu’elle n’aurait pas eu sa place ici si tout s’était arrêté là. Mais un kilomètre plus loin, je cherchai mon appareil photo dans ma poche… qui ne s’y trouvait plus…

Je cède alors à un début de panique (je me fiche de l’appareil, mais les photos prises la veille lors du passage d’Echo Col, les vues de la cabane de Muir qui m’aura abrité, les berges de Wanda Lake dans les brumes, tout cela est irremplaçable même si les images sont gravées à tout jamais dans ma mémoire). Puis je relie la perte à l’incident de la chute un peu plus tôt, et remonte sur les lieux.

Rien.

Un champ de pierres, enchevêtrées, roulant les unes contre les autres, cachant des failles, des trous, des espaces noirs entre  les blocs… Je fouille pendant une demi-heure, n’y croyant plus. Je retourne chaque pierre, glisse le rayon de ma lampe dans chaque trou. Rien ! Je fulmine tout haut.

Impossible !

J’avais les mains dans les poches lors de ma chute je m’en souviens très bien, car je me le suis reproché. Je regarde mes mains écorchées : je les ai bien sorties des poches, pour me réceptionner ! Je comprends que l’appareil a dû voler au loin. 20 minutes de recherche supplémentaires pour le retrouver à une quinzaine de mètres en contrebas… Je pousse plus qu’un soupir de soulagement : je me mets à parler tout seul ! La solitude attaque, déjà…

Je reprends ma descente vers le tréfonds de la vallée. Je passe aux pieds du Mt Spencer, qu’il trempe avec délectation dans le ruisseau de l’Evolution (qui donnera une grande rivière grâce à Darwin).

Herbert SpencerSpencer. Herbert Spencer. 1820-1903. Un des principaux défenseurs de la théorie de l’évolution. Il en a étendu la portée à de nombreux domaines comme la philosophie, ou la sociologie (darwinisme social, c’est-à-dire la « sélection des plus aptes »). Je parle de lui car le Mt Spencer ne s’appelle pas Spencer par hasard. Il a sa place de plein droit dans cette vallée particulière.

Herbert Spencer

La connaissance de l’espèce la plus humble est le savoir non unifié ; la science, le savoir parfaitement unifié ; la philosophie, le savoir complètement unifié.

Je suis Evolution Creek. Au milieu d’Evolution Basin. J’entends ce nom depuis plusieurs années, mais je ne m’étais jamais posé la question. Pourquoi Evolution ? Plus j’avance dans la purée de pois, plus ça me paraît clair. Evolution vient de la Théorie de l’Evolution, ça c’est sûr. Mais je trouve que le nom est bien trouvé et qu’il va plus loin encore. Plus que pour les espèces, le concept d’évolution de cette vallée s’adapte à l’univers entier, et c’est comme si je me trouvais au tout début de l’évolution du monde. A suivre les méandres de ce petit ruisseau, alors qu’aucune espèce vivante ne vient croiser mon chemin, j’ai l’impression d’être aux confins de la création. Au coeur du bouillon primordial, lorsque rien n’existait d’autre que la terre, l’eau et l’air…

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Pas de ciel, pas de soleil, pas d’oiseaux, pas d’insectes. Pas de vie. Le récit originel biblique dit que Dieu créa le monde en 6 jours. Il créa la lumière le premier jour, le firmament et l’air le deuxième, la terre et la végétation le troisième, le soleil et les étoiles le quatrième, les créatures le cinquième, les hommes, enfin, le sixième.

Nous en sommes donc au troisième jour. Et je remonte doucement le temps… prochaine étape : la végétation disparaîtra (c’est presque fait) puis la terre… puis l’air…

Me voilà à délirer créationnisme en pleine vallée Darwiniste !

Je traverse le Styx, en me demandant ce que je trouverai de l’autre côté…

Contre toute attente, je trouverai la vie. Deux silhouettes encapuchonnées remontent la vallée arc-boutées sous le poids de leur énorme sac à dos. Deux randonneuses de San Francisco, visiblement rassurées de me voir, n’ayant croisé âme qui vive depuis deux jours, alors que l’endroit, en temps normal, est assez fréquenté.

Elles sont inquiètes, me pressent de questions sur les prévisions météo. Je les rassure en leur disant qu’elles trouveront le soleil à une demi-journée de marche (s’il est toujours là où je l’ai laissé, au quatrième jour), et que le mauvais temps est prévu pour le surlendemain. A voir leur mine déconfite, je devine qu’elles ont déjà passé une sale nuit. Je détaille leur équipement : un simple K-Way, des chaussures légères. Leur sac est assez gros pour contenir tente, duvet et tapis de sol. Je leur demande où elles vont. Je comprends vaguement qu’elles comptent ressortir de la Sierra par Bishop Pass, à deux jours de marche. Avec la neige qui arrive… Je leur dis que je passe par Lamarck Col et que ce soir je serai sorti des montagnes. Elles semblent intéressées mais quand elles comprennent qu’il faut quitter les sentiers, naviguer à la carte et que le col est à 4000m d’altitude elles préfèrent suivre leur plan initial. J’hésite à leur demander leur nom, au cas où. Je préfère m’abstenir, pour ne pas les effrayer encore plus ! Moi-même je n’aimerais pas qu’on me demande mon identité et mon itinéraire, soi-disant pour prévenir les autorités (mais je ne suis pas un exemple).

On finit par se quitter, chacun dans sa direction, elles vers le soleil et moi vers la création du monde.

Descendu à 3300m d’altitude, j’arrive sur les berges d’Evolution Lake. Joyau de la Sierra (quand le monde est fini). Moi, j’en suis au troisième jour. Alors à part l’air, l’eau et la terre…

J’en fais le tour. Une lumière presque surnaturelle envahit le paysage. Normalement, devant moi devrait s’élever la silhouette de l’Ermite. Mais seule son aura luminescente s’étend sur les eaux huileuses du lac.

Des silhouettes fantomatiques apparaissent çà et là dans la nouvelle lumière ; le voile laiteux se désagrège doucement. Le rideau se lève sur la création. C’est à peut-être à cela que ressemblait le tout commencement…

Et en un instant, le ciel s’ouvre, laissant la lumière inonder toutes choses. En un tour de main, on se retrouve comme au premier jour (pardon, au sixième) avec forêts, insectes, oiseaux, et tous les animaux qui vont avec. Comme une couverture qu’on rabat au réveil, les nuages sont chassés au loin, découvrant Evolution Valley, le prolongement d’Evolution Basin.

Ah, le voilà l’Ermite ! Barbe blanche au vent, il s’ébroue pour se débarrasser des dernières neiges, et s’émerveille, comme moi, de la vallée qui s’offre à nos regards.

Derrière lui, la chaîne montagneuse de Leconte Divide.

Je contemple ce paysage fantastique, assis sur une pierre, le menton entre les mains. Je me tiens sur une sorte de terrasse naturelle, l’endroit rêvé pour admirer, laisser vagabonder son imagination (je n’ai pas besoin de ça, je sais). S’extasier sur la beauté du monde. Penser. Bâtir. Conjecturer. Édifier des théories, créer des concepts. Se nourrir de la beauté de la vie et tenter d’expliquer l’inexplicable.

L’endroit, comme un fait exprès, s’appelle Darwin Bench. Le Banc de Darwin.

Nul doute que Charles Darwin s’est assis là.

Charles Darwin

Charles Darwin. 1809-1882. Sa barbe aussi blanche et longue que celle de l’Ermite, c’est sur un de ces rochers qu’il a dû élaborer sa Théorie de l’Évolution, inspirant tout le bassin en contrebas, théorie selon laquelle les espèces vivantes ne sont pas figées dans le temps mais manifestent au contraire des changements au coeur même de leur génome, faisant évoluer leur caractère physique au fil des générations. Cette théorie, adversaire de celle du créationnisme selon laquelle toute forme de vie est née d’une création divine et fixée une fois pour toutes, explique la diversité des formes de vie. Darwin a aussi élaboré la théorie de la Sélection Naturelle, expliquant ces fameux changements génétiques par l’adaptation de l’espèce à son environnement.

Charles Darwin

Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements.

Assis sur mon rocher Darwinien, je me dis que je suis passé en quelques centaines de mètres de dénivelé d’une théorie primitive mais encore vivace, celle du créationnisme, à une autre plus scientifique, le darwinisme. Les deux mouvements se sont opposés au XIXème siècle dans les couloirs d’Oxford.

Trève de plaisanterie, Darwin ne s’est probablement jamais assis là pour échafauder sa théorie, préférant un tour du monde sur le Beagle. Mais j’ai plaisir à penser qu’il aurait bien aimé s’assoir là. Et qu’il se serait pardonné une petite pensée créationniste en admirant le panorama sublime. Le jardin de Dieu.

Je redescends du Banc de Darwin. Et pénètre dans Darwin Canyon. Après tout, on est parti dans le chapitre de l’évolution, autant continuer… Me voilà sur les berges de 11592. Le Mt Mendel,  toujours pris dans sa gangue de glace, a été oublié par le soleil.

Johann Gregor Mendel

Mendel. Johann Gregor Mendel. 1822-1884. C’est un moine, père fondateur de la génétique, inventeur des Lois de Mendel. Quand je vous dis qu’on est dans l’Evolution. Le Mt Mendel est aussi l’une des ascensions sur glace les plus difficiles de la Sierra Nevada. Et en plus de tout cela, le Mt Mendell a connu une petite notoriété depuis 2005.

En octobre de cette année-là, deux alpinistes escaladent le glacier de Mendel et découvrent, pris dans la glace, les restes momifiés d’un homme en uniforme de la deuxième guerre mondiale. Cette découverte du « Frozen Airman », aura dans les journaux de la région un écho retentissant. Un avion d’entraînement AT-7 Navigator avait disparu lors d’une mission en 1942 et si les restes de l’avion avaient bien été découverts en 1947, aucun des quatres membres d’équipage n’avaient été retrouvés. Frozen Airman fut rapidement identifié comme étant le jeune Leo Mustonen. Peter Stekel, écrivain, va enquêter et découvrira lui-même, en 2007, les restes d’un deuxième aviateur, Glenn Munn, et a écrit un livre (Final Flight) en décrivant le scénario probable de la catastrophe. Pour ceux qui veulent en savoir plus, voici quelques photos relatives au crash.

Devant moi continue le Darwin Canyon, et le lac 11623. Soit 31ft plus haut que le 11592… Il y a trop de lacs en Sierra, et pas assez d’hommes vertueux sur Terre pour leur prêter leur nom.

Tandis que je regarde en arrière, je remarque que les nuées sombres sont toujours à mes trousses, et qu’elles se regroupent même à l’entrée du canyon. Les nuages se rassemblent au-dessus de 11592. Avant de donner l’assaut final ?

Là, pour le coup, le sourire s’évanouit de mon visage. Lamarck Col se perche à 4000m d’altitude, je ne connais pas son accès, non balisé, et il me semble hasardeux de tâtonner à sa recherche en plein brouillard. Il me faut absolument me hâter et trouver la passe avant que les nuages me rattrapent !

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Je quitte les bords du lac et attaque la pente en oblique, coupant sur le flanc du Mt Lamarck. Je prends rapidement de l’altitude, dominant les lacs en contrebas. En face, le Mt Darwin (Charles Darwin prête son nom à toutes choses, monts, lacs, canyons, glaciers, rivières, car c’est un homme très très vertueux…) est déjà encerclé et assailli par les cumulus.

Je m’élève encore sans perdre de temps.

Je dois être à 3800m d’altitude et du coup, le rythme chute. Le terrain est en plus assez technique : c’est plus un amoncellement de cailloux qu’une montagne ! Le Mt Lamarck n’est qu’un tas !

Jean Baptiste de Lamarck

 

Lamarck. Jean-Baptiste de Lamarck. 1744-1829. Naturaliste français, il a élaboré la théorie transformiste, selon laquelle les êtres vivants se transforment sous l’effet de causes variées comme des modifications de leur habitat, les forçant à adapter leur morphologie ou leur comportement. Complexification, diversification, évolution.

 

 

Jean-Baptiste de Lamarck

Dans tout ce que la nature opère, elle ne fait rien brusquement.

Évolution. Évolution. Évolution.

Moi aussi il me faut évoluer, et en vitesse.

Je regarde au-dessus de moi pour mesurer le chemin encore à parcourir. Les nuées sont déjà en train d’escamoter le col.

Le problème c’est que ce dernier n’est pas clairement identifié sur mes cartes, et je crains de passer la crête au mauvais endroit. Je peux me retrouver à l’aplomb d’un mur infranchissable, un névé instable ou à cheval sur des blocs prêts à basculer d’un côté ou de l’autre ! Il me faut absolument franchir la passe au bon endroit. Pas le choix, je vise ce qui me parait être un passage tout là-haut, enfin ce qui y ressemble le plus… Mais l’ascension est rendue difficile par l’altitude, et surtout par la taille des blocs qui ne cesse de croître : au début, je pouvais m’en servir comme de marches, puis d’appuis pour bondir de roche en roche, pour finir par les escalader à deux mains. Mais à présent, je dois les contourner, me frayer un chemin dans les espaces qu’ils veulent bien me laisser.

Je fais la pause. Devant moi, une vue saisissante sur le Mt Darwin, le Mt Mendel, et son fameux glacier que l’on distingue aisément sur la droite (le glacier où l’on a découvert les corps des aviateurs est celui avec le petit point rouge).

Un petit signe de la main aux jeunes aviateurs disparus, et je repars vers ma passe.

Soudain une fausse manoeuvre dans les rangs des nuées ennemies m’ouvre un espace béant entre les cohortes de cumulus. Je profite de leur cafouillage pour photographier la crête, et surtout pour repérer ce qui me semble être un cairn salvateur.

Je mémorise sa position avant que les volutes se ressaisissent et retrouvent leurs positions défensives. Un cairn ! Signature d’un prédécesseur. Repère dans le néant. Phare dans la nuit. Espoir. Ce qui n’est qu’une pierre posée sur une autre et une autre et une autre, comme autant de gestes d’entraide, un vulgaire monticule pour le profane, parfaitement puéril et futile, est pour le randonneur perdu dans le brouillard un fil d’Ariane qui le relie à la vie.

Grâce à ce cairn, suivi par d’autres (et précédé aussi, mais comme j’avais coupé au plus direct je ne les avais pas vus), je retrouve un semblant de chemin, c’est-à-dire un espace aménagé entre les rochers, les volontaires de Kings Canyon ayant dégagé un passage à coups de barre à mine.

Enfin, j’arrive à la cote 12960ft. 3950m. Lamarck Col.

De l’autre côté, au-delà d’un plateau s’étendant à 3900m, la vue se dégage. Au loin, la plaine de l’Eastern Sierra, qui n’a pas dû recevoir une seule goutte d’eau la nuit dernière (ni les 300 précédentes, c’est Mojave et la Vallée de la Mort, là-bas).

Il y a un dernier petit glacier à franchir, aussi je rechausse mes crampons pour la dixième fois. Ce qui, pour qu’on se rende bien compte, nécessite la dépose du sac à dos, son ouverture, de sortir le sac à crampons, les en extraire, les ajuster, serrer les sangles, ranger le sac, remettre le sac à dos. Traverser le névé. Déposer le sac, défaire les crampons, les ranger, remettre le sac. Je ne dis pas ça pour décrire mes journées dans le détail, mais juste pour me dédouaner pour la suite.

Les nuages se désagrègent tandis que je progresse ; les nuées abandonnent la poursuite. Je m’y attendais : je suis ressorti de Mordor, elles abandonnent la poursuite ! Je suis tiré d’affaire, il ne me reste plus qu’à descendre gentiment vers North Lake puis rejoindre Sabrina Lake. Deux chemins s’offrent à moi. Celui qu’on devine sur la photo suivante, et un autre, obliquant sur la droite.

En consultant ma carte je constate que le premier se dirige tout droit vers Upper Lamarck Lake, traversant des isoplètes très resserrées (signe qu’il descend le long d’une pente très prononcée), alors que l’autre semble contourner un épaulement et faire un détour le long d’une vallée adjacente avec une pente plus faible. Pressé, je choisis la première solution.

On ne doit jamais se presser dans la Sierra. J’aurais dû le savoir, à force d’y aller.

Je suis le sentier, qui ressemble plus à une sente d’animaux, un sillon laissé là par quelques randonneurs pressés comme moi. Je me dis simplement que si des gens ont pu monter par là pour rejoindre Lamarck Col, alors je pourrai descendre sans difficulté.

Je parviens au bord du trou.

En bas, presque sous moi, Upper Lamarck Lake.

Sur la photo précédente, on voit au tout premier plan le bord de la corniche sur laquelle je me trouve. Puis la fin du glacier qui se trouve 300m en contrebas. Suivi d’une moraine, dont les rochers paraissent tout petit mais qui mesurent, pour les plus gros, 5 à 6 mètres de hauteur. Et enfin, le lac, 600m sous mon altitude. Bref, c’est pas gagné. Mais de là où je suis, je devine le sentier qui descend dans les graviers. Je le suis. Erreur. Le terrain est très glissant, très instable, formé d’un agrégat de scories comme une dune de ballast. Des rochers dépassent du sol mouvant de poussière et de caillasses comme des écueils dans la mer, et j’essaie de passer de l’un à l’autre, mais quand je pose le pied sur ce que je prends pour un socle, celui-ci part avec la pierraille comme un billot dans une rivière, et moi avec, tel un surfeur prenant son premier cours.

Je descends malgré tout, sans penser un seul instant à remonter pour emprunter l’autre chemin. Je descends, descends, et finis par comprendre que le sentier que je suis n’a jamais été emprunté par des randonneurs qui montaient, mais uniquement par des gens qui descendaient. De pauvres hères, comme moi, pressés d’arriver mais qui mettront dix fois plus de temps que les autres. Des promeneurs, piégés par un sillon laissé par les victimes précédentes, chacun entretenant avec délectation la même trace pour les victimes suivantes, qui se précipiteront toutes, le nez sur la fausse piste, dans la ratière…

Les graviers grossissent tandis que je descends, à vue d’oeil d’ailleurs. Je finis par parcourir un pierrier, qui devient une moraine. Un peu comme Boucle d’Or essaie le petit lit, le moyen lit, le grand lit, moi je saute d’un petit caillou sur un moyen caillou puis un très grand caillou. Si grand que je ne peux pas l’escalader et je dois en faire le tour. Je dois à cet instant préciser, pour qu’on se rende bien compte, que la moraine jouxte un long glacier qui épouse le couloir comme une langue son plancher lingual. Ici vu d’en bas.

Plutôt que rechausser mes crampons et descendre sur le glacier, trouvant cette idée barbante, je préfère continuer dans mes cailloux, tâche en réalité beaucoup plus harassante. Arrivé au niveau du gros rocher dépassant de la glace, sur la photo, je dois donc, disais-je contourner un bloc. Et mettre le pied sur la neige. Juste un pied. Le bout d’un pied. Sans crampon.

La montagne n’aime pas l’imprudence. Le danger guette partout. À l’affût, il attend patiemment sa proie. Un instant d’inattention, et l’imprudent lui tombe dans le bec.

Je glisse instantanément et, emmené par le poids de mon sac à dos, je me mets à dévaler la pente comme un bobsleigh sur sa piste. Sauf que la mienne n’est pas lisse : la glace, en fondant et en se solidifiant nuit après jour, forme des alvéoles, des collines de glace, des vallons, des chaînes, des massifs. De vraies montagnes russes. J’essaye de contrôler la descente, au mieux de freiner. Je ne vais pas très vite, mais j’évolue de choc en choc. Arrivé en bas, presque amusé de mon raccourci, je décolle sur une bosse particulièrement relevée et retombe très lourdement. Une douleur violente me vrille les côtes, au même endroit que lors de ma chute le matin même, dans le fossé d’Evolution Basin. Pas de doute : une côte fêlée, une !

La traversée de la moraine ne fut pas de tout repos : sauter de bloc en bloc m’arrache un grognement à chaque réception et aggrave encore la douleur pour la suivante. Un vrai calvaire. Je finis par atteindre Upper Lamarck Lake, puis son petit frère, Lower Lamarck Lake, qui se tiennent tous deux par un petit ruisseau.

Lower Lamarck Lake. On est presque arrivé. Enfin encore 500m de dénivelé à descendre. Facile, ça descend. Sauf qu’avec une côte en vrac, chaque pas, avec le choc, m’arrache une grimace.

Tant pis, je marche, et profite des couleurs de l’automne…

Mes jambes assujetties à une petite allure, mon esprit en profite pour vagabonder et se remémorer les moments forts de cette sortie. La nuit agitée, dans la petite cabane de Muir, en pleine tempête… Je me disais alors : la Sierra s’est dressée contre moi, jetant les éléments en travers de ma route, vent, brouillard, glissant des pierres roulantes sous mes pieds, des plaques de glace pour me jeter à terre… La Sierra, devenue agressive ? Et si, au contraire, elle m’avait offert un cadeau ? Cette tempête était peut-être là justement pour saupoudrer de neige Evolution Basin et en faire un paysage unique, éphémère, rien que pour moi ?

 

Le brouillard n’était pas là pour me perdre, mais pour m’offrir une ambiance particulière, loin des clichés d’Evolution Basin que l’on trouve sur internet, et faire pédaler mon imagination qui du coup s’est bien promenée entre les chapitres mythologie, religion, et biologie.

Je l’ai toujours dit, la Sierra Nevada, pour le coureur ou randonneur solitaire, est un tremplin pour l’imaginaire. Ceux qui l’ont cartographiée ont aussi été touchés par cette influence particulière des lieux sur le cerveau humain. Les noms sont parlants, ils implorent de venir les visiter. Un endroit sur la carte a toujours retenu mon attention. Hell For Sure Pass. La « Passe de l’Enfer-à-coup-sûr » !

Tout à mes pensées, je passe aux pieds de Piute Crags que j’avais aperçu de loin la veille au matin, en partant pour ma sortie (que j’imaginais alors toute autre !)

Bien étrange montagne que Piute Crags. Un sentier longe ses contreforts en direction de Piute Pass, par laquelle j’aurais pu ressortir aussi de la Sierra, avec une journée de plus. En regardant la carte, et suivant du doigt ce sentier, je décèle quelques endroits prometteurs… pour la prochaine fois. D’ici quelques mois, car l’hiver a entrouvert la porte de la Sierra et y a coincé son pied.

Et puis il est peut-être temps de passer à autre chose… La Sierra Nevada, c’est bon, j’y suis beaucoup allé, et tout le monde commence à s’habituer à ces vues magnifiques. Même si je pense qu’on ne peut pas s’en lasser !

Allez, c’est le moment de changer d’horizon ! Non ?

Une petite vidéo valant mieux qu’un long discours, je la mets à la fin sinon personne ne me lit…

https://vimeo.com/30362435

20111007_Evolution

Et pour ceux qui veulent voir les photos (et d’autres) en grand format : c’est ici.

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • Tat

    17 octobre 2011

    Photos superbes comme d’habitude . Question récit à côté de toi JCh. Grangé n’a qu’à bien se tenir pour ce qui est de la mythologie et des émotions procurées par le héros qui apparaît tout de suite comme sympathique et mystérieux à la fois pour son goût pour le danger ,les fantômes la peur . Quelle émotion quand il se casse une côte !! Jusqu’où nous emmèneras-tu?

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    • Jphi

      17 octobre 2011

      J’espère pas trop loin quand même, la côte ça va bien mais pas plus, hein ? Pas question de faire du Grangé grandeur nature ! Ni Délivrance ni 127 Heures ni Into the Wild…
      Nan je rigole Tat, j’ai bien compris le sens de ton message, merci de me lire avec autant d’assiduité, c’est ma récompense !

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  • 19 octobre 2011

    Une aventure hors du temps, seul face aux éléments parfois brutaux de la nature, je suis fasciné voire envoûté!
    Il faut vraiment être courageux, motivé et sans doute un peu fou pour tenter un truc pareil mais la récompense au bout est incomparable.
    BRAVO et MERCI pour le partage, à quand le prochain?

    P.S : Merci aussi pour le lien;-))

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  • Jphi

    19 octobre 2011

    Merci calimero ! Le prochain, je ne sais pas, ni où ni quand… Tout dépend des opportunités, de la météo, etc… En tous cas la Sierra c’est en stand-by jusqu’à juin prochain (sauf peut-être une hivernale comme celle du Yosemite : http://wp.me/p1yrPy-xH)
    Pour l’instant, je me refais une santé « côtière »..

    Mais plein de projets dans la tête !!!

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  • macfly

    10 avril 2012

    juste un mot MERCI…

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  • L'amoureux...

    19 juin 2013

    Merci, Jeanfi , ton récit me fait penser à ce poème de Lamartine  » le Lac » et me plonge dans le questionnement de la Nature et de son indifférence. Cette rage de la marche et de tes pensées cherche à atrophier son immensité indifferente comme une réponse, dont tu sais qu’elle est illusoire, à ce questionnement du pourquoi ?
    Tu convoques ici ou là figures tutélaires pour te protéger de l’abîme de ce questionnement primordial, comme ces cairns improbables qui balisent ton chemin, afin de nous et te préserver de la folie qui nous guette au détour de ces sentiers initiatiques.
    Mais fi des balises, des cairns et des baptêmes, comme tu l’écris, c’est un parcours vers l’in-nommable et que cela reste ainsi car la Nature est totalement indifférente à ce que nous sommes ; par tes périples, tu nous offres cette très fragile réponse : nous, à Elle, nous ne le sommes.
    Que tu ponctues ton récit par un début et une fin pour nous rassurer, tel un conte de fées, qu’importe, car tu veux nous dire que seul le chemin compte, il n’y a pas de finalité dans ces paysages ; tes marches et recits pourraient suspendre leur vol comme un point d’orgue musical, laissant certes le lecteur dans l’inquiétude, mais lui laissant la responsabilité de la réponse, de sa réponse.
    Merci de nous y emmener comme dans une méharée dont tu serais dromadaire de la pensée, tu transportes là un lourd fardeau qui allège notre quotidiennneté.

    « L’ Amoureux ».

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    • Jphi

      20 juin 2013

      Merci pour ton commentaire L’amoureux… bon ce que tu veux dire c’est qu’il n’y a pas de réponse, pas de début ni de fin, alors tous ces périples finalement ça ne sert à rien ??

      A+ l’ami !

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