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Aujourd’hui, après pourtant une sortie matinale assez soutenue, l’envie de retourner courir ne m’a pas lâché de l’après-midi. J’ai donc rechaussé mes baskets, avec une idée derrière la tête…

Départ du petit village pittoresque d’Euzet, dans le Gard. Direction l’ouest, vers le Mas Champion et son pont.

J’ai choisi un itinéraire très particulier, car empruntant une partie de la mémoire des hommes, puisque nous sommes en terre Camisarde. Cela commençait bien, en dérangeant le repos de quelques uns.
Puis, en s’enfonçant dans les collines, j’ai commencé à prendre la mesure des pluies tombées les jours précédents… Le sentier disparaît complètement, par endroits, avalé littéralement par une petite rivière.

Plus loin, alors que je courais déjà en esprit parmi les Camisards, je me retrouve dans un drôle d’endroit, pas du tout dans l’ambiance. Plutôt une sorte de Disneyland, en ruine, ou bien en construction…

Heureusement, en m’approchant des rives du Bourdic, je retrouve une atmosphère plus sauvage, m’octroyant même le luxe de dénicher un joli coin baignade pour cet été !
Je contourne la colline du Dève, par les champs et le village au drôle de nom de Bézut.
Et enfin, j’arrive au but de ma sortie : la grotte des Camisards.
Un peu d’histoire pour éclairer la lanterne de ceux qui veulent entrer dans ces grottes.
Le 16 avril 1704, après deux ans d’âpres combats et éclatantes victoires qui retentiront dans toute l’europe, le jeune chef camisard de 20 ans Jean Cavalier se fait surprendre et défaire à Nages, non loin de là, par les forces royales. Il s’en échappe de justesse mais perd de nombreux camarades. Trois jours plus tard, le 19 avril, dans les bois d’Euzet, une vieille femme portant un panier de provisions se fait arrêter et avoue qu’elle les apporte aux camisards blessés et réfugiés dans des grottes cachées.
Les dragons du Roi découvrent les grottes, qui servaient à la fois d’infirmerie, de réserves de nourriture, de caches d’armes et de munitions. Jean Cavalier perd donc, en plus de cette bataille de Nages, tout son magasin, sa base arrière de repli. Cela précipitera sa reddition, puis, par voie de conséquence, la fin de la Guerre des Camisards.
C’est donc avec une certaine émotion que j’ai arpenté ces lieux. Les grottes s’enfoncent sous terre ; on distingue clairement les niches creusées dans les parois, dans lesquelles les camisards, somme toute de simples paysans révoltés, se blottissaient pour lutter contre le froid.
Le fond des grottes a été bouché par les soldats du Roi. On raconte que des trésors, des armes, voire les squelettes des camisards enterrés vivants s’y trouvent encore. Ce dont il faut bien sûr douter…
Mais je ne peux m’empêcher de penser à ces dizaines d’hommes qui luttaient pour leur liberté de culte, arrêtés à la suite d’une simple trahison, puis enfermés, envoyés aux galères, voire rompus vifs sur la place publique, ou brûlés, même, pour les meneurs.
Je quitte les lieux, les laissant à leur paix méritée. En remontant la pente, je remonte également un peu plus le Temps car j’arrive à l’époque romaine : dans la roche sont creusés des silos, pour conserver au frais et à l’abri de la lumière des grains ou autres aliments.
Ces silos sont en fait disséminés sur l’emplacement d’un ancien oppidum, datant de l’âge du fer, que les anciens appellent la Muraillasse. Une dizaine sont aisément repérables, mais il semble qu’il y en ait une vingtaine.
Voilà qui terminera ce voyage à travers l’histoire, assez rapidement d’ailleurs, car quelques centaines de mètres à peine séparent ce début de millénaire du XXIème siècle et son parking…

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • Françoise

    8 avril 2010

    eh oui beaucoup de choses se sont passés en Cévennes , des bonnes et des moins bonnes … j'aimerai bien faire ce parcours !! à plus

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