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La neige a fondu dans les plaines. De ma fenêtre, une crête enneigée me fait de l’oeil : celle de la Mortière et du Rocher de l’Aigle. Encore toute blanche et brillant sous le soleil.
Je n’avais que quelques heures avant que la nuit tombe, alors je démarre la sortie du Col du Mercou, tout juste dégagé de ses dernières congères, sur un sentier connu puisque c’est celui de nos dernières sorties au mont Brion.
Au début le sentier est assez dégagé car il fait 4 ou 5°C, la neige fond à vue d’oeil. Mais dès qu’on prend un peu d’altitude et qu’on passe sur les versants plus abrités du soleil, je trouve une épaisseur de neige qui atteint tout de suite les 20 à 30cm…
Petit clin d’oeil à notre sortie d’il y a 3 semaines au Brion :
Et oui le paysage n’était pas le même :
Puis je retrouve notre petite « montée de Bovine », que cette fois je ne pourrai faire en courant!
Et j’arrive sur la crête de Mauripe.

 

La neige se fait de plus en plus épaisse, et lourde sur les versants ensoleillés. Dès qu’on passe à l’ombre par-contre, elle se couvre d’une croûte de glace ce qui rend la progression difficile car dès que ma foulée est un peu plus lourde je passe à travers et m’enfonce au niveau des genoux.
Puis le sommet de la Mortière s’annonce, en plein vent.
La neige est vraiment profonde maintenant. 40 centimètres au bas mot. Sans raquettes à neige c’est mission impossible de courir !
Il est évident que personne n’a mis les pieds sur ce versant depuis plus de dix jours. Enfin les pattes peut-être. Pour les lapins…

 

…ou pour les sangliers…
Le soleil redescend vers l’horizon, comme une pierre. Les ombres s’allongent à vue d’oeil.
Je suis juste sous le Rocher de l’Aigle. Je voulais atteindre le sommet, mais le temps va me manquer, surtout à ce rythme de progression ridicule (5km/h en montée). Le froid s’installe pour la nuit, si je veux être de retour avant le crépuscule il me faut faire demi-tour… Tant pis, le sommet ce sera pour une prochaine fois, avec des raquettes. Je rebrousse chemin, dans mes propres traces.
Petite variation sur le retour pour profiter encore d’une neige immaculée, histoire de laisser mes traces de pas dans ces étendues vierges. Je me demande ce que pensera le prochain randonneur en raquettes, s’il y en a un, lorsqu’il va tomber sur ces empreintes profondes d’un dératé qui court en pleine montagne dans la neige…
L’obscurité monte des vallées, noyant les montagnes par le bas, laissant les sommets émerger dans la lumière comme un dernier répit avant la nuit. Le temps presse.

Je m’arrête quand même prendre quelques photos insolites de temps en temps,
si bien qu’au moment où le soleil bascule derrière l’Aigoual, je suis encore dans la montagne.

La descente sera un peu plus difficile que prévu car les températures étant descendues sous 0° la couche de neige aura recommencé à geler en surface, m’occasionnant quelques bonnes glissades, et m’obligeant à chausser les Yaktrax. Je finirai cette joyeuse dégringolade dans une lumière crépusculaire, juste à temps pour arriver avant la nuit… Je n’ai même pas eu besoin de sortir la frontale !
J’avais aussi emporté ma balise satellite SPOT pour tester une nouvelle fixation sur le sac à dos et non plus sur l’épaule comme lors de ma sortie en Sierra Nevada, ce qui s’était révélé peu efficace : quasiment tous les compte-rendus de position sont passés, rendant le suivi plus opérationnel… et le déclenchement éventuel du signal de détresse plus fiable ! Nouvelle position adoptée !
Nota bene : penser à m’acheter des raquettes à neige.

Never Hesitate - Never Regret

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