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Il est tombé trois mètres de neige dans la Sierra Nevada fin décembre. Inutile de dire que malgré la remontée des températures il y a toujours des quantités astronomiques de neige ! Le passage du col se fait par convoi de véhicules, avec un départ toutes les deux heures. Une fois qu’on a basculé dans la vallée, entre deux murets de neige, on entre dans un autre monde, préhistorique : les premières sentinelles végétales se dressent sur le bord de la route.

Je place mes écouteurs,

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et chausse mes raquettes et m’enfonce dès que possible dans la forêt. Je suis un sillon dans la neige, creusé par des promeneurs laissant des traces qui de raquettes, qui de skis de fond…

Puis, entre des sapins qui paraissent tout chétifs mais qui n’ont rien à envier à ceux de nos vallées alpines, les premiers géants se laissent approcher.

Au milieu des conifères auxquels nous sommes habitués, des troncs massifs jurent avec la verdure ambiante. De la famille des Redwood, on comprend pourquoi, les Séquoias géants s’élancent tout droit vers le ciel.

Parfois solitaires, souvent rassemblés, voire serrés les uns contre les autres, ils ne semblent craindre rien ni personne. Les séquoias sont tout simplement les plus gros arbres du monde.

Ni les plus hauts, ni les plus larges, ils le laissent à d’autres. Mais les plus volumineux… Le séquoia est d’une largeur impressionnante à la base, sans franchir des records, mais il reste massif jusqu’à son faîte. Ce qui fait que les plus gros spécimens dépassent les 1000 tonnes… Pour mieux se rendre compte de l’échelle, je me campe à côté…

On se rend mieux compte n’est-ce pas !!!

L’ambiance en hiver est complètement différente de celle de juin dernier, où des vagues de chaleur serpentent entre les troncs, soulevant des odeurs forestières entêtantes…

Ils ont l’air puissants, invulnérables, campés sur leur tronc énorme depuis des milliers d’années… Et c’est vrai, la plupart ont 1000 à 2000 ans. Mais le danger est là, pourtant.

Des traces, partout visibles, sur chacun d’entre eux. Des blessures, anciennes ou récentes, noires et béantes, témoignent d’un assaut violent mené par les éléments contre les géants rouges.

Le feu, qui prend chaque été dans la sécheresse des broussailles, parfois naturel mais souvent criminel, rampe, se nourrit des premiers conifères accessibles, grossit, se rassemble, enfle et enfin s’élance plein de puissance et d’appétit à l’assaut des séquoias.

La plupart résistent tant bien que mal. Certains sont amputés profondément, gardant dans leur chair la morsure terrible du feu.

D’autres ont moins de chance, et leur fantôme noirci hante le paysage.

Mais… qu’on ne s’y trompe pas…

Le séquoia, comme la plupart des espèces vivantes sur Terre, a besoin de mourir pour vivre… Le feu est un élément de reproduction du géant. Son écorce est épaisse et fibreuse et résiste au feu ; il se reproduit par graines or celles-ci sont libérées de leur cône parfois par des animaux mais le plus souvent par l’éclatement lors des incendies. De plus, les flammes nettoient les basses couches végétales, faisant disparaître les conifères, et laissant de la place pour les nouveaux séquoias qui pourront croître pendant plus de 3000 ans…

Tout à ma contemplation, serpentant au hasard entre les troncs, je monte à l’assaut d’une colline, laissant mes propres traces parmi celles d’animaux.

Il y a beaucoup de neige, la progression est lente et difficile car même avec mes raquettes je m’enfonce. Il faut dire que ce sont des raquettes articulées pour pouvoir courir avec, ultra-légères, et donc pas d’une efficacité hors-pair…

Une fois arrivé en haut, la vue se dégage, malgré le ciel gris, et je distingue clairement ma Sierra bien aimée, avec les sommets franchis l’été 2009 quand j’avais parcouru le High Sierra Trail

Je redescends de l’autre côté, parmi d’improbables sculptures de neige,

et je poursuis mon chemin dans la forêt bicolore.

Après m’être glissé dans le tunnel creusé dans le tronc d’un séquoia tombé à terre,

j’arrive au pied du plus gros séquoia géant, qui est aussi l’arbre le plus imposant du monde avec ses 1487m³, et donc le plus gros organisme vivant sur Terre. Âgé de 2500 ans environ, le General Sherman mesure 84m de haut, dépasse les 11m de diamètre, et pèse quelque chose comme 2100 tonnes…

Puis je m’enfonce dans une vallée en empruntant un pont moins épais que la neige qui le recouvre,

et monte jusqu’à Sunset Rock, qui en hiver n’est qu’un sommet arrondi par la neige.

De là-haut, on voit le ciel rougeoyer à l’ouest, et quelques chutes de neige sur les sommets. Il est temps de rentrer.

Je reprends la route, repassant devant les gardiens de la vallée.

Il me reste des kilomètres de route à faire, j’arriverai dans la nuit à Yosemite, pour une autre sortie neige, dès demain…

L’album photo complet de Sequoia National Park, Hiver, et Été

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • lafan

    21 janvier 2011

    on est bon là pour l’interro sur les sequoïa, je crois qu’on est calé maintenant sur leur histoire !!
    les photos sont magnifiques…
    merci…

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  • runtheplanet

    21 janvier 2011

    Merci Lafan… je prépare l’interro…

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  • Kathleen sent you a private message. View message: https://cutt.us/3rCxx?h=a8a5e25b79862a59d7f0d3b88d2cb9de-

    18 avril 2022

    y8bk45bl

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