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Le Nevado de Toluca. 4ème plus haut sommet du Mexique, 4680m. C’est un volcan vieux de plusieurs millions d’années. Un stratovolcan, c’est-à-dire formé de ses propres coulées de lave successives, comme le mont Fuji par exemple.
Nevado en espagnol veut dire enneigé, et Toluca est la ville la plus proche. En langue Nahuatl, il se nomme Xinantécatl.
Départ en courant d’un petit village situé sur son flanc, environ 1500m plus bas, dans lequel j’aperçois des villageoises faire la lessive au battoir, dans un lavoir. Autre temps. La piste s’enfonce dans une forêt ; comme on est déjà à 3000m d’altitude, le souffle est court.

On s’élève rapidement, on aperçoit la route en contrebas qui semble déjà loin.

Devant, on devine le sommet du Nevado, noyé dans les nuages. Il ne fait pas très beau, mais ça je commence à en avoir l’habitude !
Dans les bois, l’herbe est très longue, j’ai l’impression de marcher dans une tignasse de géant…
Le sentier continue de grimper, parfois étroit et serpentant entre les arbres, parfois plus lourd, plus sombre, comme imprégné de cendres et de suie à fur et à mesure qu’on se rapproche du volcan.
Parfois le sol est tellement noir que j’ai l’impression qu’une rivière de lave a coulé ici pendant la nuit ! (La dernière a eu lieu il y a 3300 ans)
On se rapproche… Mais le sommet du volcan est toujours auréolé de nuages et échappe encore aux regards…
Puis, au sortir de la forêt, au lieu de se dévoiler, il se drape un peu plus dans son voile blanc.
Tant pis, j’y entre à mon tour.
L’ambiance est tout de suite plus oppressante. Le brouillard cumulé au manque d’oxygène (on est à 4200m) rend la progression moins rapide. Je m’aventure sur la plaine, au gré de la pente, de quelques chemins croisés et même d’une route qui permet l’accès au cratère. Je préfère monter directement dans la pente.
Le versant final, abrupt, le cône lui-même, se dévoile bientôt à travers les déchirures des nuages.
Je poursuis sur le flanc herbeux, parfois zébré de vieilles cicatrices noires : d’anciennes coulées vitrifiées.
Heureusement, dans ce paysage un peu morne, la nature a rajouté une petite touche de couleur pour égayer les pentes du volcan.
Enfin, vers 4400m d’altitude, j’arrive sur la crête du volcan. Le bord du cratère.
Avec en son centre, le lac du Soleil, et un imposant dôme de dacite (quartz et verre).
Des deux côtés, le vent souffle avec puissance, tirant les nuages par les cheveux.
Au loin, derrière le dôme, le petit lac de la Lune. Il paraît que les deux lacs sont assez poissonneux.
Je continue sur la crête, avec comme objectif de faire le tour du cratère, et profite parfois d’un petit rayon de soleil.
On s’y baignerait ! (Bon il fait 5°C, sans compter l’effet du vent…) L’arête se fait plus étroite mais surtout plus technique et la visibilité ne s’améliore pas.
Le terrain n’est pas facile : la pente est de 30 à 40%, le terrain instable.
Un dernier petit effort pour arriver à 4500m :
Quelques fleurs encore à cette altitude, mais l’impression générale est plutôt minérale.
Tandis que je monte dans le nuage, le fond du cratère, lui, s’emplit de soleil. Bon signe ???
Le sentier monte, descend, à cheval sur la crête, et vient bientôt buter contre une muraille.
Une croix est plantée sur un piton, comme une sentinelle. Mauvais signe ???
Je ne réfléchis pas, je grimpe. Sauf qu’à cette altitude ce n’est pas très facile d’escalader les rochers à la verticale, surtout après l’effort déjà fourni depuis maintenant 2 heures. Mais de là-haut, le spectacle vaut le coup : on voit le chemin parcouru, et le lac du Soleil.
La progression devient beaucoup plus difficile : à force de grimper je suis vraiment monté dans le nuage et on ne voit pas à plus de 5 mètres. Le terrain est très technique et le sentier a disparu : alternance de murs d’escalades et de pierriers de pierres ponces.
Ces pierriers sont très piégeants, car si la pierre a l’air grosse et stable, elle est ponce, donc ultra-légère : dès qu’on met le pied dessus, c’est toute la colonne qui part en avalanche. Je suis obligé de faire des détours invraisemblables pour éviter ces coulées de pierre. Puis le tonnerre se met à gronder, et tandis que je suis agrippé à la falaise, à 4650m, la grêle me tombe sur la tête. Je confirme que des petits grêlons d’un centimètre à peine, ça fait mal !!!
Je n’hésite guère : demi-tour, le temps est trop mauvais. Après encore une heure de va-et-viens entre les pierriers et les falaises trop verticales pour moi, je retrouve une pente plus acceptable que je descends à toute allure, comme sur des skis…
Je retrouve mes coulées vitrifiées dans la plaine,
puis, tandis que je me retourne vers le volcan, je m’aperçois qu’il s’est dégagé de sa gangue de nuages.
Alors que je viens de le quitter ! Je râle ! Ma malchance météorologique de ces dernières semaines ne semble pas m’avoir totalement quitté… Tant pis, je redescends à travers la forêt à présent ensoleillée,
avant de retrouver ma voiture et de retourner dans la pollution et les embouteillages de Mexico…
Je reviendrai le boucler un jour, ce tour de cratère !!!

 

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • Bertail Patrice

    27 août 2012

    Bonjour. J’ai regardé avec attention ces photos et les commentaires. Très bel effort et je vous en parle en connaissance de cause car avec quelques amis sportifs nous avons grimpés le mont Toluca en VTT jusqu’à 4300 mètres et c’est pas facile à cette altitude. Vos images ont réveillés chez de très bon souvenirs et des efforts bien difficiles
    Merci pour ce beau reportage
    Patrice

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    • Jphi

      2 septembre 2012

      Merci bien ! C’est vrai qu’il est haut ce volcan, même s’il ne paraît pas… Chapeau pour le VTT, je suppose que vous êtes allés par la piste jusqu’au cratère : le tour de la couronne me parait bien difficile (impossible) à faire en vélo !

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