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Il y a bientôt 4 ans, j’étais parti courir dans un billet de 20 yuans (pour ceux qui n’avaient pas vu le billet sur le billet que j’avais rédigé).

Profitant d’un court séjour dans le Guangxi, je décide d’y retourner, histoire de tester mon nouveau drone.

Départ de la gare SNCF de Canton (heu non, CR, China Railway) à destination de Guilin.

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Les trains chinois, les CRH (China Railway High speed) sont l’équivalent de nos TGV et roulent à 250km/h sur quasiment tous les tronçons, ce qui a pour effet de réduire le temps de trajet et de rapprocher les villes entre elles. De 10h de train il y a quelques années, on est passés à 2h30. Le progrès est réducteur, il rapetisse la Chine.

Quelques heures de train et de bus plus tard, me voici aux alentours de Yangdi, sur les rives de la rivière Lijiang. On va dire rivière Li, car jiang signifie déjà rivière

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Premier point noir : la météo est maussade. Assez pour empêcher toute sortie du drone. Ce qui vole n’aime pas l’eau.

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Deuxième point noir, il me faut traverser la rivière pour rejoindre le sentier d’en face. Il y a 4 ans j’avais donné un billet de 20 yuans pour payer ma traversée (il y a beaucoup de billets de 20 yuans dans cette histoire). Mais les choses ont changé. La Chine a changé. Les villages ont compris que leur rivière était une opportunité, et qu’en plus de leur fournir des poissons, elle pouvait aussi leur rapporter des billets de 20 yuans en grande quantité.

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Du coup, il s’est bâti un juteux commerce de croisière. Les pêcheurs se sont transformés en guides touristiques et négocient 200 yuan la descente jusqu’à Xingping. Je suppose qu’ils ne mangent plus de poissons, ou bien qu’ils doivent l’importer…

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Le résultat est une guerre économique entre les villages de la rivière, chacun voulant capter sa clientèle et en priver le voisin. Du coup, la traversée de la rivière est interdite ; le touriste doit embarquer ici même, à Yangdi, et ne doit pas traverser pour rejoindre Langshi ou Quanjiazhou, cela pourrait profiter au voisin. J’ai passé environ deux heures à démarcher chaque barcasse, chaque radeau de la rive. Les passeurs refusaient un par un, jetant des regards gênés par-dessus mon épaule. Il faut dire que me suivaient scrupuleusement deux ou trois vieilles femmes du village, qui veillaient à ce que j’allais bien prendre leur bateau et pas un autre.

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Les passeurs savaient qu’ils risquaient leur place s’ils cédaient à mes propositions financières, tant et si bien que je suis allé jusqu’à offrir 200 yuans (le prix de la croisière !) pour payer ma traversée, et qu’ils l’ont refusé. Les petites vieilles veillaient, telles des officiers politiques du Parti Communiste.

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Du coup, au bout de deux heures, j’ai fini par céder, ai pris mon billet de gentil touriste vache à lait, pour embarquer sur mon radeau et descendre une partie du fleuve.

Au bout de quelques virages, hors de vue des snipeuses enchignonées, le passeur a cédé à son tour, sûrement par peur de me voir me jeter à l’eau, et a accosté sur une grève pour me laisser aller à baskets.

La petite bruine empêchant tout vol et donc toute prise de vue aérienne, c’est avec un voile gris de déception devant les yeux que j’ai parcouru du regard les paysages karstiques de la vallée.

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Bon, parfois, vert de rage en repensant à ce blocus organisé, le voile devant mes yeux se teintait justement de vert.

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J’ai fini par arriver à Xingping, où étaient relâchés tous les touristes kidnappés, juste devant les pics qui ont servi de modèle à ce fameux billet de 20 yuans.

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J’ai fini par errer un peu dans les rues de Xingping, jadis village de pêcheur, aujourd’hui station touristique.

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Puis j’ai fini par plier bagages. Yangshuo, petit bourg pittoresque sis un peu plus loin, n’a pas évolué dans un autre sens. Les restaurants que j’ai connu il y a quelques années, éclairés par des lampions rouges traditionnels, les avaient échangés pour des music bands locaux, éraillant à tue-tête des titres occidentaux. À trop vouloir imiter le mode de vie occidental, à des vues purement touristiques et donc économiques, la Chine va perdre son atout le plus précieux : la Chine.

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La mondialisation s’étend. Elle s’introduit de plus en plus vite, de plus en plus loin dans les campagnes, comme une bonne idée fait son chemin, mais assortie d’un mauvais cortège. Le progrès ouvre la route devant lui, les peuples, les ethnies lui ouvrent leur porte, mais font entrer avec lui les oiseaux de mauvaise augure qui l’accompagnent : le profit, l’opportunisme, la fourberie. Peut-être étaient-ils déjà là avant, c’est vrai, mais en quinze ans de Chine, je commence à voir ses effets de façon de plus en plus flagrante…

La population locale s’en félicite, le voyageur libre un peu moins : quand la recherche du profit commence à restreindre la liberté de circuler, l’émerveillement s’efface peu à peu…

Voici, histoire de se remémorer l’ancienne Chine (ensoleillée) d’il y a 4 ans, la vidéo d’alors…

[youtube TjKwID31XGE 960 540]

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • Roxane

    13 septembre 2015

    Quelle splendeur ces pics !!! Merci pour ce petit billet « quatre ans après ». Comme un petit voyage impressionniste (et engagé) dans le passé.

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  • Bouchi -lamontagne

    14 septembre 2015

    Magnifique parallèle « avant après  » et superbes photos ! Il faut tjrs se méfier des petites vieilles que ce soit en Chine ou dans les tragédies grecques …. Ou ailleurs !!!!

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  • 12 octobre 2015

    Oui, je connais bien d’autres endroits où c’est la même chose, malheureusement

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