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La Sainte Victoire. Depuis le temps que je passais à ses pieds, sans jamais y être monté… Ce n’est pas qu’elle est très imposante, puisqu’elle culmine à 1000 et quelques mètres, sur une vingtaine de km de long… mais elle en impose par sa façon de se dresser sur le pays d’Aix : une falaise abrupte de calcaire qui semble dire : « On ne passe pas. »
400 coureurs essayeront aujourd’hui de passer.

Un petit peu froid ce matin à Rousset, mais l’excitation du départ et un bon café-petit-déjeuner fourni par cette organisation exemplaire réchaufferont les organismes. Le départ est donné, et c’est parti à un rythme assez soutenu, surtout devant. Il faut dire qu’il y a des pointures : Vincent Delebarre, Ludovic Pommeret, Guillaume Le Normand, Sébastien Chaigneau, Aurélien Brun, Nicolas Darmaillacq, Serge Barthes… Le team Quechua est bien présent! Mais nous, derrière, partons plus tranquille…

Les premières foulées pour s’échauffer sur un petit monotrace dans une pinède, puis un passage rigolo sur une planche bancale pour traverser un cours d’eau formera un petit bouchon :

Ca y est, on la voit !

Et ça commence à grimper. Il faut d’abord se hisser sur le plateau du Cengle, une première marche à franchir. Le soleil n’est pas très haut, mais il me semble qu’il fait déjà chaud !

D’ailleurs, il dissipe les dernières nappes de brume disséminées dans la plaine.

Une fois sur le plateau, la montagne apparaît dans sa totalité. A la fois belle et menaçante. Et plus on s’en approche, plus elle paraît grande…





Après avoir zigzagué sur le plateau, toisés par la Sainte Victoire, comme si on cherchait un chemin d’accès, on s’approche doucement des premiers contreforts.








Et voilà, comme prévu, ça commence à monter…

Au début, sur des petits chemins muletiers…


Puis, une fois arrivés aux pieds de la muraille, au Pas du Clapier, il faut bien se résoudre à l’escalader !

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Il n’y a pas plus de sentier ici que de terrasses avec du pastis bien frais… Mais la vue est à couper le souffle !




L’ascension continue. C’est de plus en plus technique. Il faut souvent mettre les mains pour s’aider et je commence à me demander s’il ne vaut pas mieux que je range l’appareil photo.

Une dernière photo et là je serai bien obligé de le ranger !!!

Ouf ! On est arrivés en haut… On galopera sur la crête jusqu’à la Croix de Provence, dans un champ d’herbe et de terre bien souple… sauf qu’affleurent à sa surface des lames de calcaire, des pics, des saillies, des pointes, des éperons de roches qui font que courir est très difficile, et qu’il faudra être vigilant pour ne pas se fouler une cheville !


Et on redescend, en passant par le prieuré, le long d’un chemin muletier assez joli.

 

Une longue descente vers le premier ravito, où tout le monde refera le plein d’eau, car au bout de 20km à peine les réserves sont vides ! Un petit sandwich au fromage, du coca, des bananes, et hop ! c’est reparti. 4min chrono. La relance sera assez difficile, au sein de la pinède, sur un faux-plat montant où il faudra maintenir un rythme assez constant, sans pour autant trop entamer les réserves avant la remontée. Car, bien sûr, il faudra remonter là-haut, sur le sommet de la montagne…
L’ascension se fera pour partie sur un monotrace souple, en sous-bois, très agréable, à l’ombre, ce qui sera bénéfique vu la chaleur déjà bien présente.
Mais malheureusement les arbres vont finir par s’espacer, et on retrouvera vite la rocaille. La montée sera moins technique que la première mais assez éprouvante tout de même. D’ailleurs on croisera pas mal de randonneurs sur cette portion.


 

Nous voilà de nouveau sur la crête. Les paysages sont vraiment magnifiques. On m’annonce 95è, c’est déjà pas mal, mais c’est si beau que je m’arrête très souvent pour prendre des photos, me faisant doubler par pas mal de concurrents. Ce n’est pas grave, je ne suis pas là pour le classement…

Et là-haut, soudain, stupeur : mon camelbag est vide ! Il était sûrement mal fermé, ou alors j’ai bu plus que je ne pensais. Encore une dizaine de km avant le ravito de Puyloubier, et plus une goutte de flotte ! Sous cette chaleur ! Ca promet pour la descente…


Un passage au Pic des Mouches qui sera le point haut du parcours, et c’est parti pour la descente qui s’avérera très technique aussi. Et plus on descend… plus il fait chaud… c’est bien connu. Bientôt j’ai la gorge en feu, la bouche sèche, et je sens les premières crampes.
Mais heureusement le ravito arrive, de l’eau, de l’eau !
Et ça repart, encore une fois une relance très difficile. Un petit rythme constant, je reprends quelques concurrents. « 80ème » me dit un bénévole. Quelques kilomètres dans les vignes, et on revient vers cette Sainte Victoire qu’il va falloir gravir une troisième fois…



Les cuisses deviennent douloureuses. La course dans la plaine surchauffée sur ces faux-plats incessants a laissé des traces. Et là, il va falloir remonter. De nouveau. Je lève les yeux vers la muraille et j’aperçois, tout là-haut, dans le ciel, une dizaine de parapentes. Tranquilles, au frais. J’échangerais bien ma place contre la leur, à ce moment.


Puis l’ascension deviendra vite très éprouvante. Il fait chaud, très chaud. On est plein sud, en plein cagnard. Sur des rochers blancs, qui nous renvoient la chaleur en pleine face. Par deux fois je passerai des coureurs atteints de crampes, allongés en travers du chemin…en les enjambant ! (et en m’assurant, bien sûr, qu’ils n’aient besoin de rien…)
D’ailleurs la chaleur aura fait des dégâts aussi dans la tête de course, puisqu’on ne compte plus les défaillances parmi les favoris !
L’arrivée à Baudino sera difficile, et on redescend dans un chaos de rocs, puis on retrouve le parcours que l’on avait déjà emprunté à l’aller lors de l’approche de la Sainte Victoire. Cette partie, d’ailleurs, sera très difficile, et pour les cuisses, et pour le moral. Car une petite dizaine de km nous attendent, sur des chemins le long des vignes, des pistes sans intérêt, des bords de route, etc… Quand on quitte des paysages à couper le souffle pour se retrouver dans une plaine qui à côté fait pâle figure, et qu’en plus il faut courir, courir, courir, sinon c’est perte de temps assurée, avec des jambes flinguées par les ascensions et descentes successives… J’avoue que là, j’ai compté les km. Voire les centaines de mètres. On repassera par la petite planche jetée en travers du cours d’eau, dont je tomberai pour la petite histoire…
Quelques centaines de mètres encore en arrivant dans le village de Rousset. On entend les haut-parleurs. La musique. Ca sent l’arrivée.
Ca y est ! C’est fini ! Ouf ! Que de chemin parcouru !
Une bonne douche, et un repas fourni par l’organisation me remettront vite sur pieds.
Un trail vraiment magnifique, mais assez difficile. Des souvenirs plein la tête, qui se mélangeront avec ceux encore tout frais du Ventoux
En tous cas, une organisation parfaite, un balisage sans faille, et surtout des bénévoles particulièrement sympas, voire supporters endiablés comme à Baudino !!!
Que du plaisir ! Ah oui, mon temps ? 7h05. 63ème.
Et maintenant, il faudrait que je mette un peu au vert, après ces 180km de course en un mois (Le Trail aux Étoiles, le Ventoux, la Sauta Roc)… mais c’est sans compter sur ce qui m’attend le week-end prochain si le temps le permet ! (Suite au prochain numéro).

Never Hesitate - Never Regret

Comments:

  • benrunning

    6 avril 2009

    de superbe photo sur ton récit !!!
    Benjamin30

  • Anonymous

    6 avril 2009

    vraiment extraordianaire ton récot/reportage !
    Chapeau ..et bravo !
    J’étais aux glaisins….très beau aussi…..On ne peut pas être partout !
    martine VOLAY
    (team QUECHUA)

  • Anonymous

    17 janvier 2010

    bravo pour le récit et les photos superbes. Je me remet dans l'ambiance juste avant l'édition 2010! et puis 7H05 en prenant des photos … chapeau!

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